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les conquêtes du commandant belormeau

venirs comme un album d’images qu’il faisait défiler devant les yeux admiratifs de son ordonnance ; celui-ci trouvait tout naturel que son commandant fût adoré de toutes les femmes et non moins naturel qu’il les trahit les unes après les autres.

Donc, M. Belormeau, s’étant fait retirer ses bottes, tendait avec une évidente satisfaction, ses pantoufles à la flamme, tandis que le vent s’élevait en tempête et rugissait autour du pavillon.

— On n’est vraiment pas mal, ici, dit-il, en jetant un regard circulaire sur sa chambre ; le logis est confortable, mais il n’est pas assez gai ! C’est lugubre d’entendre dans les grands arbres, le vent hurler comme un loup… Ça ne te fait rien, toi, Joseph ?

— Non, mon commandant, chez nous, la mer mène un autre tapage.

— Ce bruit-là t’a bercé, vois-tu, moi je suis fait pour le monde et sa gaîté, la solitude m’oppresse.

— Mon commandant aura bientôt des connaissances.

— J’en ai fait, aujourd’hui ; j’ai rendu des visites et je compte, déjà, plusieurs invitations à dîner.

— Tant mieux, fit Joseph, épanoui, cela distraira mon commandant.

— J’ai été chez le maire, chez le notaire ; ce sont de bonnes gens, mais pas récréatifs ; puis j’ai vu les notables commerçants ; deux d’entre eux, deux frères, les MM. Stenneverck m’ont particulièrement plu ; ils ont une fille l’un et l’autre et ce sont bien les plus ravissantes créatures que j’aie jamais rencontrées !

Le commandant était de bonne foi, quoiqu’il eût déjà rencontré cent femmes aussi accomplies, en maints endroits divers.

— Ces demoiselles étaient ensemble et je crois qu’elles feraient bien d’y rester, tant elles se font valoir, l’une, l’autre, ajouta-t-il d’un ton pénétré.