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les conquêtes du commandant belormeau

mademoiselle qui s’imagine qu’il a voulu lui faire honneur, comme du temps de son grand-père !… Elle est ma maîtresse, je n’ai pas à la contredire, mais je pense ce que je veux des prévenances de M. le maire…, et si jamais je peux les lui rendre…

Tout en monologuant, Benoîte descendait l’escalier elle rentra dans la cuisine.

Le commandant avait brûlé toute sa bourrée et s’étirait avec satisfaction devant la flamme claire, tandis que son subordonné, assis sur le bord de sa chaise, contemplait ses godillots.

— Eh bien ! ma bonne femme, s’écria l’officier, quelle nouvelle m’apportez-vous ? Me garde-t-on, dans ce noble logis ou me chasse-t-on honteusement ?

— Ma foi ! ni oui, ni non, répondit Benoîte.

— Expliquez-vous.

— Voici : mademoiselle dit que, du temps de son grand-père, les officiers de passage, les généraux, les colonels, toute la boutique, enfin, logeaient ici et qu’elle ne peut pas faire autrement que son grand-père.

— Alors ?…

— Mais elle dit aussi que c’est bien peu convenable, pour des femmes sans protecteur, d’installer comme ça des hommes dans la maison.

— Alors, quoi ? s’écria le commandant, impatienté.

— Alors, il y a un pavillon dans le jardin ; il y a deux chambres ; on vous fera du feu tant que vous voudrez ; on vous donnera la clef de la porte de sortie ; vous serez comme chez vous. Si ça vous convient, vous n’avez qu’à le dire.

— Mais ça me convient à merveille. Quand sera-t-il prêt, votre pavillon ?

— Ce soir, si vous voulez me laisser votre astiqueur pour transporter les meubles ?

— Volontiers ! Tu entends, Joseph, tu passes, pour la journée, au service de mademoiselle ?… Voyons, dites-moi votre nom ?