pu résister au désir de vous faire part d’une nouvelle qui m’a bien amusé.
— Quoi donc, oncle François ? fit Valentine dont les yeux brillaient de curiosité.
— Gageons, fille d’Ève, que vous avez déjà vu le commandant ?
— Mon oncle, je ne ferai point de difficultés pour vous avouer que je l’ai contemplé, tout à mon aise, derrière mon rideau.
— C’est le commandant Belormeau et, ma foi, il faut convenir qu’il a de la branche… Or, devinez chez qui cet animal de Faverger a imaginé de le mettre en logement ?
Grand-père Frantz leva son index déformé :
— Chez Mlle Herminie de Batanville, dit-il.
— Vous y êtes, grand-père, avec vous il n’y a pas de plaisir ; vous trouvez tout de suite.
— C’est une vengeance !
— La pauvre demoiselle en aura la jaunisse.
— Un homme sous son toit et un militaire, par surcroît.
— Comment cela va-t-il se passer ?
— Vous devinez, reprit le brasseur, que les curieux s’en donnent à cœur joie. La mère Nicard, qui est bien la plus enragée commère que je connaisse, a élu domicile à la fontaine, afin de pouvoir surveiller la porte de l’hôtel de Batanville : on s’attendait à des scènes curieuses ; peut-être à une expulsion violente du beau militaire par la toute dévouée Benoîte…, rien de tout cela ne s’est produit. On a vu, à neuf heures, le commandant Belormeau, suivi de son ordonnance portant les cantines, sonner à la porte de Mlle Herminie. Benoîte est venue ouvrir ; il y a eu, entre elle et les arrivants, un assez long conciliabule, à la suite duquel les deux hommes sont entrés. Un quart d’heure plus tard, le commandant est ressorti, laissant l’ordonnance et les valises, ce qui a fait croire que les choses s’étaient