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les conquêtes du commandant belormeau

La place de l’église présentait une animation inaccoutumée ; un détachement militaire arrivé au petit jour y installait son bivouac.

Des hommes emmenaient vers les divers quartiers de la ville leurs chevaux poudreux, fatigués de l’étape ; d’autres rangeaient en cercle les fourgons, et les caissons, tandis que les cuisiniers allumaient les feux pour préparer la soupe. Des curieux se pressaient autour des soldats et c’était, entre eux, un échange de joyeux propos.

— Oui, dit Nanniche, nous avons des soldats, des artilleurs, comme vous pouvez voir. Vrai, vous n’avez rien entendu ? ajouta-t-elle d’un ton de commisération profonde.

— Rien du tout, Nanniche.

— Moi, dès le fin matin, le roulement des caissons, et les pas des chevaux m’ont réveillée ; je me suis dit : c’est de la troupe et, sautant à bas de mon lit, j’ai couru à ma fenêtre… malheureusement il faisait noir et même avec ma chandelle, je ne pouvais rien voir.

— Gageons que tu t’es dédommagée, depuis ?

Nanniche prit son air important.

— Sûrement que je n’aurais pas voulu être la dernière à souhaiter la bienvenue à ces braves gens… Même que madame n’a pas trouvé la chose de son goût.

— Ma petite Annette, maman a raison ; les jeunes filles doivent être réservées, en pareille matière.

— Moi, je suis patriote ; j’aime mon pays ; j’aime les soldats qui le défendent et personne, vous entendez, demoiselle Valentine, personne ne m’empêchera de leur témoigner mes sentiments !

Devant ce retour d’humeur agressive, Valentine se disposait à battre en retraite, quand, de nouveau, Nanniche donna les signes de la plus vive satisfaction.

Reprenant le bras de sa maîtresse, elle la ramena