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les conquêtes du commandant belormeau

La maîtresse de maison réitéra ses appels qui, s’élevant par degrés, atteignirent bientôt la note aiguë.

Le plus profond silence continua à régner dans la cuisine.

— Vraiment, ma fille, dit le grand-père, j’admire votre constance. De deux choses l’une : Nanniche est là ou elle n’y est pas ?

— Mon père, je la vois très bien ; elle cause, sur le pas de la porte avec Caroline la femme du tisserand.

— Alors, ma fille, ou elle vous entend ou elle ne vous entend pas ?

— Hélas ! mon père, elle m’entend bien, j’en suis persuadée, mais il lui convient de faire la sourde oreille.

— Ne pouvez-vous l’aller prendre par le bras et la ramener à sa besogne ?

— Je n’ose pas, mon père ; elle est si violente que peut-être elle me répondrait mal et Caroline en ferait toute une histoire.

— Vous voici bien montée, ma bru, avec une semblable servante ; elle vous fera damner.

— J’en ai bien peur, soupira Mme  Michel.

— S’il en est ainsi, il faut la renvoyer.

— Vous n’y songez pas, mon père ?…

— Une nièce de Catherine !

— Si Catherine voyait ce qui se passe, elle serait la première à vous le conseiller.

— Mon père, vous oubliez qu’elle est orpheline.

— Hé oui, cela rend la chose difficile… Je ne vois qu’un moyen de nous débarrasser de cette précieuse Nanniche : dites à Michel de lui trouver un mari.

— Michel ne voudra tromper personne.

— Il n’est point question de tromperie ; qu’il cherche un garçon à poigne solide ; il obtiendra, certes, ce que vos soupirs, ma pauvre Gabrielle, n’obtiendront point.