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les conquêtes du commandant belormeau

rapprochait davantage du type flamand ; ses yeux clairs étaient rieurs, comme sa bouche fraîche sous la moustache rousse.

— Allons ! Allons, retardataires ! disait grand-père Frantz, en frappant de sa canne, les dalles ébréchées, que faisiez-vous ?

— Mon cheval s’est déferré, maître Stenneverck, — c’est ainsi que, dans le pays, on désignait l’aïeul, — j’ai dû m’arrêter chez Damicaut, le maréchal.

Tout en répondant, Pierre s’efforçait de rattraper les deux jeunes filles qui déjà s’engageaient sous le porche.

— Hé, Minette, n’allez-vous point, méchante, m’attendre un seul instant ?

L’interpellée se retourna avec un sourire taquin ; elle et sa compagne échangèrent, avec les nouveaux venus, un amical bonjour et une tranquille poignée de main.

— Savez-vous, Minette, reprenait Pierre…

Mais grand-père Frantz lui allongea, sur le bras, un coup de son gros paroissien revêtu de drap noir.

— Veux-tu bien te taire, bavard ! M. le curé monte à l’autel. Après la messe, vous ferez le tour du mail et vous causerez tant qu’il vous plaira.

Docilement, le jeune homme laissa sa phrase inachevée et, bientôt, toute la famille, maîtres et serviteurs, avaient pris place dans les bancs de chêne où depuis deux siècles s’agenouillaient, chaque dimanche les membres de la famille Stenneverck.

Quand la messe fut finie, l’assistance s’éparpilla sur la place, tandis que la cloche sonnait à toute volée et que les enfants de chœur, encore en soutanelle, couraient au presbytère pour s’y acquitter de quelque commission. Le soleil brillait dans le ciel un peu pâle ; les dernières feuilles qui palpitaient aux branches semblaient d’or bruni ; l’air s’était adouci ; il faisait bon flâner un instant sur l’esplanade.