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les conquêtes du commandant belormeau

en la personne de Catherine qui, du service du grand-père, passée au sien, avait élevé Valentine.

Catherine fit à ses maîtres le premier tort qu’elle leur eût causé, en mourant prématurément d’une fluxion de poitrine.

Elle leur avait, il est vrai, légué sa nièce : Annette, une orpheline, baptisée Nanniche par la bonne tante.

Aux fréquents soupirs que poussait Mme  Michel au sujet de la nièce, il était permis de supposer qu’elle remplaçait mal la tante.

Annette était une grosse fille, une énorme fille d’une rotondité inquiétante pour l’avenir ; ses joues vermeilles et luisantes comme des pommes, barraient la route à son nez impertinent et menaçaient de s’interposer entre ses petits yeux gris et le reste du monde…, ces yeux-là, n’avaient rien de bien sympathique et tendaient, déjà, suffisamment à se dérober.

Nanniche s’avançait près de Gertrude, enrubannée comme pour la ducasse, ayant des pendants d’oreilles en or, un tablier de soie et plus de dentelle à sa coiffe qu’il n’était convenable pour sa position.

Ces atours faisaient soupirer Mme  Michel, encore plus profondément que de coutume. Quant à grand-père Frantz, il avait déclaré à la coquette, que si sa pauvre tante revenait en ce monde et qu’elle se trouvât en face d’elle, elle mourrait derechef de saisissement.

Nanniche secouait ses pendants d’oreilles, n’ayant cure d’une visite de la défunte Catherine.

Pour l’instant, comme les maîtres, en avance, ne se pressaient point et s’arrêtaient, à chaque pas, pour serrer quelque main tendue, Annette gratifiait Gertrude de ses confidences, faute d’une oreille plus complaisante, car la vieille femme, presque aussi sévère à la jeunesse que la tante trépassée, s’était écriée en l’abordant :