« Aussi quand j’ai paru devant le commandant, dans ma tenue neuve, il m’a dit : « Nanniche, ma chère enfant, dans ce métier, vous ne pouvez pas rester demoiselle, il faut vous marier. »
« Et toujours aussi aimable, dans un temps que dans l’autre, il a ajouté : « Pour ce qui est du mari, vous n’avez que l’embarras du choix. »
« Ce n’est pas pour me vanter, mais madame peut croire qu’avec ma position et mon uniforme, il y avait la presse.
« Enfin, cette lettre est pour annoncer à madame, que j’épouserai, dans quinze jours, le canonnier Arthur Lambrescade, un bel homme qui est du Midi et presque aussi bien que le commandant.
« Au reste, madame le connaît peut-être ? Il était du détachement de Wattignies.
« Ce n’est pas celui qui me causait à la grille, pas celui qui me guettait à la porte du boucher, pas non plus celui qui m’attendait chez le boulanger, mais celui qui venait à la cuisine, faire chauffer de l’eau, pour son cheval qui avait une angine.
« Me voici donc dans une belle situation, si jamais les hasards de la vie militaire me ramènent en mon pays, j’irai rendre visite à madame.
« Je garde pour elle et sa famille, les meilleurs sentiments et madame peut croire que je resterai toujours digne d’être la nièce de Catherine ! »
— Comment ! Nanniche se marie aussi, s’écria Michel ?
— Gai ! Gai ! Marions-nous ! chanta grand-père.
Puis soudain, enveloppant d’un regard les jeunes visages qui lui souriaient, il ajouta, avec une pointe de gravité attendrie :
— Allons ! mes petits enfants, tout est bien qui finit bien, même pour Nanniche !