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D’un accord tacite, ils se turent, attendant la communication imprévue et peut-être troublante ?… Heureusement, Eudoxie, la remplaçante de Nanniche, n’avait aucun des défauts de celle-ci ; elle ne demanda point d’où venait le soldat, ni où il allait, ni de quel pays il était, ni dans quel régiment il servait. Toutes choses dont Nanniche se fût fait un devoir de s’informer.

Sans se laisser impressionner par le plumet du colback, les œillades du cavalier et les courbettes du cheval, Eudoxie demanda, tout uniment, à l’arrivant ce qu’il désirait.

Celui-ci tira, de sa poche, une large enveloppe de papier commun et la pria de la porter à sa maîtresse à qui elle était adressée.

Ce que fit la servante sans perdre de temps

— C’est pour vous, madame, dit-elle à Mme Michel en lui remettant la missive.

— Pour moi ?… fit celle-ci avec étonnement ; elle examina la suscription qui était d’une grosse écriture malhabile et sursauta.

— C’est de Nanniche, s’écria-t-elle !

— De Nanniche ! répéta-t-on en chœur.

— Ma fille, dit grand-père, avançant sa chaise, lisez vite ; je me meurs de curiosité !

Mme Michel, ayant fait sauter le cachet, dépliait une large feuille qu’étoilaient des taches de diverses provenances : elle commença :

« Chère et honorée maîtresse…

— Oh bien ! fit la bonne dame, elle ne m’en avait jamais dit autant.

« Vous avez dû être bien fâchée contre moi en découvrant que j’étais partie, sans vous prévenir ?

« Ce n’est pas que c’était bien de ma part, mais si j’avais voulu me confier à madame, madame ne m’aurait pas comprise. »