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les conquêtes du commandant belormeau

au bout des cils ; quant à Philippe, il avait l’air d’un homme qui a conquis le monde !

À quelque temps de là, il y avait joyeuse réunion chez Michel Stenneverck ; certaines bagues ornées de saphirs étaient, enfin, sorties de leurs écrins ; on fêtait les doubles fiançailles de Philippe et de Valentine ; de Pierre et de Minna et le déjeuner avait eu lieu chez le filateur, puisque c’est à son foyer que résidait l’aïeul.

Celui-ci jetait, à la dérobée, des regards attendris sur le groupe charmant de ses petits-enfants dont le bonheur était bien, un peu, son ouvrage.

Oui, vraiment, ils étaient heureux ; et si quelque discret soupir s’échappait encore d’un cœur, c’était de celui de Valentine ou de celui de Pierre. Ils expérimentaient qu’il est plus difficile, à une âme loyale, d’oublier ses torts que ceux des autres ; à vrai dire les soupirs de ce dernier devenaient bien peu fréquents.

On était au dessert ; les flans à la crème, les tartes aux fruits, les nougats en pyramides ; accumulés par Mme Michel, avaient des brèches importantes ; les vins renommés pétillaient dans les verres et grand-père Frantz tenait tête aux toasts, avec une intrépidité remarquable.

Tout à coup, les fers d’un cheval sonnèrent sur les pavés de la rue ; les convives levèrent les yeux ; le cavalier était un artilleur. Il s’avançait vers la maison. Une ombre descendit sur tous les fronts. D’ici longtemps, la vue de cet uniforme ne rappellerait rien de particulièrement plaisant aux personnes présentes.

— Est-ce que vraiment ce militaire aurait affaire ici ? se demanda Michel.

— Oui, il met pied à terre, dit Philippe.

On entendit le bruit du heurtoir et les pas de la servante qui allait ouvrir.