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— Ah ! mademoiselle, mon petit Quellec me manque bien.

— Je le conçois, déclara la vieille demoiselle ; t’écrira-t-il ?

— Il ne sait pas ; il m’a bien promis de me faire donner des nouvelles par un camarade ; mais ce ne sera pas la même chose.

Dans les deux familles Stenneverck, le départ du commandant avait, plutôt, causé du soulagement. Les parents regrettaient de l’avoir accueilli un peu trop facilement ; Minna était bien aise que Pierre n’eût plus à rencontrer l’officier qui lui portait si fort ombrage ; quant à Valentine, il lui semblait que celui-ci emportait le plus amer de ses regrets et le plus vif de sa confusion ; car la confusion de la jeune fille avait atteint les limites les plus extrêmes, quand elle avait appris la fugue de Nanniche.

Elle se remémorait certaines conversations de la grosse servante. Nanniche n’entendait-elle pas l’avertir, discrètement, qu’elle était sa rivale ?… Sa rivale ?… À cette évocation, Valentine rougissait jusqu’à la racine des cheveux.

Il va sans dire que, dans cet état d’esprit, elle souhaitait ardemment ne jamais revoir le commandant Belormeau, ni la nièce de Catherine.

Cependant, les jours s’écoulaient : le printemps était dans toute sa grâce et sa fraîcheur.

Pierre et Minna cueillaient des violettes dans un coin du jardin.

— Pierre, dit soudainement la jeune fille, je vous ai octroyé votre pardon, mais il vous reste à faire quelque chose pour le mériter.

— Demandez ce que vous voudrez ; pourvu que ce ne soit pas une visite au commandant Belormeau.

— Laissez ce malheureux officier en repos ; vous me l’avez fait prendre en grippe !

— J’en suis bien aise, Minna.