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les conquêtes du commandant belormeau

Il vit ce regard de tendre sollicitude ; son cœur rassuré bondit d’allégresse.

— Minna, s’écria-t-il, vous ne voulez pas que je pleure ! Donc, vous m’aimez encore !

Elle eut un retour d’espièglerie.

— Ce n’est pas pour cela, fit-elle ; mais voici que maintenant, ça coule dans mes manches.

— Ah ! dit-il, je vous retrouve ! Ma Minna n’est point changée !

Elle redevint grave.

— Si, Pierre, elle est bien changée, Minna. Jamais plus elle ne retrouvera sa gaîté naïve et sa confiance dans la vie. Elle sait maintenant ce que vaut l’amour d’un homme, elle a appris qu’il ne fallait point s’appuyer sur lui.

— Oh ! Minna, ne me parlez pas ainsi, ne me dites point ces choses décevantes ! J’ai eu tant de regrets ! Je me suis fait tant de reproches ! J’ai eu une si grande frayeur de vous avoir perdue, sans retour ! Ne me dites pas que la Minna que je retrouve n’est plus celle d’autrefois et que c’est ma faute !

Elle soupira…

— Pourquoi avez-vous agi ainsi ?

— J’étais jaloux !

— Oh ! dit-elle, en hochant la tête d’un petit air expérimenté, c’est l’excuse masculine, par excellence. Mais de quoi, Pierre, étiez-vous jaloux ?

— Pas de quoi, Minna, mais de qui ; c’est plus précis ! J’étais jaloux de cet odieux commandant qui semblait tout près de vous éblouir.

— Oh ! oh ! fit-elle, en haussant les épaules, quand donc l’avez-vous vu si près du succès ?

— Ne vous souvenez-vous plus du soir où il a dîné ici et où vous avez été très méchante ? Savez-vous que pas une fois, pas une pauvre petite fois, au cours de ce dîner, vous ne m’avez honoré d’un regard et que j’ai dû partir sans mon bonsoir accoutumé ?