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les conquêtes du commandant belormeau

son attitude et s’enferre comme un cheval vicieux, il ne faut pas l’épouser ! »

Pierre rougissait et pâlissait, tour à tour.

— Maître Stenneverck, vous ne le ferez pas ? Vous ne lui tiendrez pas ce langage ?

— Ai-je donc dit un mot qui ne soit la vérité ?

Le coupable baissa la tête d’un air accablé.

— S’il en est ainsi, dit-il, je n’ai plus qu’à me retirer.

Puis, soudain, frappant du poing, avec colère, le manteau de la cheminée.

— Si je perds Minna, par ma faute, s’écria-t-il, ni vous, ni d’autres, maître Stenneverck, ne me reverrez en ce pays !

— Allons, calme-toi et, au lieu de t’en prendre à ma cheminée, va-t-en trouver Minna. Elle a un tel cœur, cette enfant-là.

Pierre se dressa, d’un bond.

— Vous croyez, maître Stenneverck, vous croyez que je le puis ?

— Puisque je te le dis, nigaud ! Qu’est-ce que tu attends ?

Le jeune homme partit en courant ; mais au fur à mesure qu’il approchait de la maison du brasseur, son allure se ralentissait ; ce n’est pas Minna qu’il redoutait, non plus que sa mère, mais François Stenneverck était sanguin et emporté ; il appréhendait un choc, qui, entre eux, eût rompu le dernier fil.

Sur le seuil de la cuisine, il aperçut Gertrude qui le regardait venir d’un air perplexe et qui, pour la première fois, ne l’accueillit pas avec un sourire.

— Bonjour, Gertrude.

— Bonjour, monsieur Artevelle.

— Tes maîtres sont-ils là ?

— Non ; ils ont profité du beau temps pour se rendre en cabriolet, à leur métairie de Menchoote.

Mlle Minna les a-t-elle accompagnés.