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les conquêtes du commandant belormeau

ternation, tandis que son mari et son beau-père luttaient contre une évidente envie de rire.

— Ah ! c’est toi, fit, assez sèchement, grand-père Frantz, en reconnaissant Pierre.

— C’est moi, maître Stenneverck.

Le jeune homme cherchait un motif plausible à sa visite, mais Mme Michel ne lui en laissa pas le loisir.

— Pierre, dit-elle, vous savez ce qui nous arrive ?

— Pas du tout, madame.

— Nanniche… vous savez la nièce de Catherine ?

— Oui, madame.

— Eh bien ! elle est partie avec le commandant Belormeau !

Pierre ne put retenir un intempestif éclat de rire.

— Ma fille, interrompit grand-père, soyez plus juste : ne dites pas que Nanniche est partie avec le commandant, mais avec les artilleurs.

— Mon père, je n’avance rien que je ne sache… Vous avez dû remarquer combien Nanniche était nerveuse et irascible quand nous recevions le commandant à notre table ?… Dieu et moi sommes seuls à savoir ce qu’elle cassa de vaisselle en ces occurrences… Or, ce n’est pas tout, poursuivit Mme Michel, outrée, j’ai appris ce matin que le commandant ne venait jamais ici, sans faire un brin de causette avec cette fille.

— C’était un si aimable homme, proclama grand-père.

— Et, mon père, on les a vus, de compagnie, sous les platanes !

— Vous savez, Pierre, dit Michel, ces platanes du bord de l’eau, qui ont si méchante réputation dans notre pays ?

— Je les connais, répondit le jeune homme, amusé.

Valentine, qui ne disait rien, tordait nerveusement ses doigts.

— Ce qu’il y a de certain, dit Mme Michel, c’est