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les conquêtes du commandant belormeau

avait semblé répondre aux vagues mais pressantes aspirations de son âme ; combien elle s’était grisée de ses hommages, de l’espoir d’une recherche flatteuse, d’un mariage brillant, d’une vie de plaisirs… avec quelle facilité, enfin, elle s’était laissée prendre au piège.

Puis elle lui dit combien elle s’énervait dans l’attente d’une démarche qui ne venait point.

— Un jour, ajouta-t-elle, nous nous trouvâmes seuls ; le commandant se pencha vers moi ; il paraissait anxieux.

— Oh ! dit Minna, de son air espiègle, veux-tu me laisser narrer la scène ?

— Comment le pourrais-tu ? demanda Valentine un peu piquée.

— Écoute bien : « Mademoiselle Valentine, j’ai un absolu besoin de vous entretenir. Ici, je ne vous vois jamais sans témoin ; ne sortez-vous pas seule ? »

— Qui t’a raconté cela ?

— Personne ; mais l’aimable commandant m’en avait dit autant, à moi et à d’autres ; il varie peu ses discours. J’espère, chérie, que pas plus que moi, tu ne l’as pris au sérieux.

La jeune fille voila son visage de ses deux mains.

— Oh ! Valentine, s’écria Minna, inquiète, tu n’as pas commis cette… imprudence ?

— Si, j’étais folle, mais Dieu a permis que je ne puisse la consommer.

— Dis-moi vite ce qui s’est passé.

— C’est bien simple ; j’ai été jusqu’au chemin du pavillon, à la brune, pour y attendre le commandant.

— Toi, Valentine ?

— Je l’y ai trouvé ; il est passé à trois pas de moi, sans me voir, avec une autre femme à son bras.

— Il ne t’a pas vue ? Dieu soit loué ! C’est un miracle que la sainte Vierge a fait en ta faveur !

— Quand je pense, reprit la jeune fille, que j’aurais