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VIII


Le temps chez Michel Stenneverck était toujours à la tristesse.

Valentine avait été trop violemment secouée pour que sa constitution délicate n’en subît pas le contre-coup.

Atteinte d’une sorte de fièvre nerveuse que le médecin déclarait sans gravité, elle restait sans forces, sans appétit, sans sommeil, sans envie de vivre, semblait-il.

Les parents se désolaient ; ils ne pouvaient douter qu’il n’y eût, à cet état de choses, une cause morale qui leur demeurait inconnue.

— Je crois qu’il faudrait forcer Valentine à sortir de son mutisme, dit un soir Michel à sa femme… Quand elle a refusé Philippe, elle nous a avoué qu’elle en aimait un autre. Cet autre ne s’est point fait connaître… Ne l’aimerait-il pas ? Existe-t-il un obstacle entre eux ? Je suis persuadé que notre enfant souffre d’une déception.

— Mais elle ne connaît personne, s’écria la mère ! Je ne vois que le commandant Belormeau qui l’ait approchée d’un peu près.

— Après tout, qui t’assure qu’il n’est pas en cause ? Il est assez bien de sa personne pour faire oublier les quelques années qu’il a de trop… et ces officiers habitués à passer d’une ville à l’autre, partout fêtés et choyés, sont, dit-on, d’habiles séducteurs.