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les conquêtes du commandant belormeau

aussi épanoui que ce matin de Noël où elle remit, à Joseph Quellec, son cadeau, grossi d’un sac de boules de gomme et d’un morceau de pain d’épices.

L’ordonnance eut un cri de joie devant le chaud vêtement qu’il avait ambitionné ; spontanément, ne sachant comment témoigner sa reconnaissance, il saisit Benoîte par les épaules et l’embrassa sur les deux joues.

— Mademoiselle Benoîte, répétait-il, que je suis content ! Ah ! si la mère voyait cela, elle ne se ferait plus de tourment !

Et, ma foi, Benoîte tira son mouchoir et pleura d’attendrissement.

Ce fut le lendemain de ce jour qu’une catastrophe fondit sur la maison de Batanville.

Vicomte, nous l’avons dit, demeurait le plus souvent au pavillon, en compagnie de l’ordonnance et même du commandant qui ne savait pas ne pas être aimable, fût-ce avec le chat.

Ce matin-là, Quellec entra, comme de coutume, dans la chambre de son supérieur, pour y allumer le feu et Vicomte l’y suivit.

Le commandant dormait encore, appréciant beaucoup l’épaisseur des matelas et le moelleux des oreillers de son hôtesse. Quand le bois fut embrasé, que les flammes s’élancèrent, droites et claires, dans le corps de la cheminée, Quellec se retira, laissant Vicomte qui, assis, dans un fauteuil, faisait sa toilette avec gravité.

Lorsque le matou eut suffisamment lustré son poil et nettoyé ses pattes, il regarda, pensivement, les gerbes d’étincelles qui s’envolaient, en tourbillons, comme une nuée de mouches lumineuses ; puis, clignant de l’œil, il examina le commandant qui dormait toujours, le nez dans la plume, un bras pendant hors de la couverture. Sans doute, Vicomte trouva alors qu’il était sage et seul depuis trop longtemps ? et il chercha un moyen de se distraire.