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les conquêtes du commandant belormeau

d’une toux à lui faire craquer les côtes. Il était venu, comme de coutume, chercher de l’eau chaude pour son officier, mais d’un air tout dolent, avec des pommettes rouges, des yeux gonflés, et Benoîte, au comble de l’inquiétude, constata qu’il avait la fièvre.

Elle ne dormit pas de la nuit et descendit avant le jour pour lui faire de la tisane. Pendant une semaine elle lui en fit boire plus que son content ; elle fit bouillir à son intention, des violettes, de la guimauve, de la pulmonaire, du sureau et des coques d’amandes. Elle lui fit mettre un emplâtre de chandelle — ce qui est souverain — le fit se frictionner avec de l’eau-de-vie de lavande — ce qui est meilleur encore.

La bonne fille en oubliait son service. Elle ne pensait qu’à Quellec, le voyait atteint d’une fluxion de poitrine, mourant loin de sa vieille mère et de sa promise, dans ce pays flamand.

Quand il fut un peu mieux, elle respira, mais le bourra de recommandations.

— Ah ! mademoiselle Benoîte, répondit le petit Breton, des rhumes, j’en prendrai bien d’autres ! Il fait trop froid chez vous.

Elle tâta sa manche, avec sollicitude.

— N’avez-vous donc pas un vêtement de dessous ? Ce méchant drap d’uniforme n’est pas épais.

— Non ; les camarades qui avaient de l’argent en arrivant ici, ont acheté des tricots, mais ça coûte cher ! Je ne peux pas demander cela à la vieille mère qui gagne bien juste son pain et ses pommes de terre.

Benoîte resta muette, en proie à une tentation qui ne fit que grandir : acheter un tricot à Quellec, avec ses économies. Mais voilà : comme elle n’avait pas de besoins, sa maîtresse lui gardait ses gages, dans un tiroir de son secrétaire.

Qu’en aurait fait une femme de son âge ? Elle avait assez de quoi s’habiller, puisqu’à la Noël,