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champ, et retenu en prison. Le Père Jérôme de Jésus s’était réfugié chez des chrétiens de la province d’Ije, peu éloignée de Méaco. Arrêté le 7 décembre 1598, il fut conduit en présence d’Ieyas. Celui-ci l’accueillit avec douceur, l’engagea à déposer toute crainte, et lui permit d’aller librement et de porter l’habit de son ordre. En même temps Ieyas témoigna le désir de voir tous les ans les chrétiens espagnols visiter les ports du Couanto, pour exercer le commerce et aussi pour enseigner à ses propres vassaux le travail des mines d’argent. Le Père Jérôme en écrivit à Manille et se rendit lui-même au Couanto pour y résider, admirant les changements subits des affaires humaines et les voies de la Providence[1]. Le premier

    Père Marcel de Ribadeneyra fut envoyé en Espagne avec les documents authentiques relatifs au martyre de 1597. Le dernier, le Père Augustin Rodriguez, repassa au Japon en 1603.

  1. Voici un extrait de cette lettre : « On me conduisit donc devant le prince. Quand celui-ci me vit, il me demanda comment j’avais fait pour échapper à la persécution précédente. Je lui répondis qu’à cette époque Dieu m’avait délivré, pour que je pusse aller à Manille et en ramener de nouveaux confrères prédicateurs de la loi divine, et que j’étais revenu de Manille pour encourager les chrétiens, tout en conservant le désir de mourir en croix, afin d’aller jouir de la gloire éternelle ainsi que mes confrères. En entendant ces paroles, l’empereur se mit à sourire, soit en sa qualité de païen de la secte de Chaca, laquelle enseigne qu’il n’existe pas d’autre vie, soit par la pensée que j’étais effrayé de devoir être mis à mort. Puis me regardant avec bienveillance, il me dit : « N’éprouvez plus de frayeur, et dès à présent ne vous cachez plus, et ne changez plus votre habit, car je vous veux du bien et j’ai le plus vif désir de voir les Castillans, qui passent tous les ans à portée de l’île de Couanto, dans laquelle sont