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UN DOUBLE AVEU
MARIE.

Et tu m’en fais l’aveu pour la première fois ?

JEANNE.

C’est vrai.

MARIE.

C’est vrai. Va, ne crains pas que je te catéchise ;
Et, puisque la franchise appelle la franchise,
J’aime aussi… quelqu’un.

JEANNE.

J’aime aussi… quelqu’un. Ah ! Depuis ?

MARIE.

J’aime aussi… quelqu’un. Ah ! Depuis ? Depuis trois mois.

JEANNE.

Et tu m’en fais l’aveu… ?

MARIE, l’arrêtant.

Et tu m’en fais l’aveu… ? Pour la première fois.
C’est que, vois-tu, mon cœur n’est pas un cœur vulgaire,
Il est si grand, si pur !…

JEANNE.

Il est si grand, si pur !… Le mien ne l’est donc guère ?
Tu crois être la seule à l’avoir pur et grand ?
Tout le monde est ainsi.

MARIE.

Tout le monde est ainsi. Mais moi, c’est différent.

JEANNE.

Très bien ! et comme c’est toi qui fais le partage,
La différence doit être à ton avantage !