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C’est la photographie qui vient de prononcer l’ARRÊT, — l’arrêt sans appel : « — A MORT !… »

Toute la meute s’est lancée aboyante, hurlante sur cette piste de sang où nulle puissance ne saurait maintenant l’arrêter. Et c’est surtout à la femme qu’on en veut, et c’est surtout les femmes qui lui en veulent, les femmes en haine jalouse, en haine éternelle de la femme, — toujours prêtes à achever, avec l’acharnée férocité du poulailler, la compagne blessée, — toujours impitoyables à la fornicatrice et furibondes comme si celle-ci eût écorné la part de chacune.

Et pourquoi donc celle-là, — dont cet autre, « Le pauvre jeune homme », fit la fourbe, l’adultère, la voleuse, la misérable à jamais perdue, pour l’abandonner quand elle n’eût plus un centime à lui donner, — pourquoi n’aurait-elle donc pas eu le droit à se venger, elle aussi ? Qui donc plus qu’elle fut trahi ? Mais non : que nulle voix, pas une réclamation, pas une observation ne tente de s’élever en travers de cette trombe de carnagè ! Jésus le Nazaréen serait ici lapidé à côté de la femme adultère.

— À MORT !!!…

Dans ce drame, si monstrueux qu’il soit et sensational par la mise en scène, d’ailleurs vulgaire comme