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Du Palais comme de l’Ambassade de France, je ne saurais dire quelle sollicitude et quelles bontés. Fleurs et fruits étaient, matin et soir, envoyés à ma pauvre blessée par la Reine — que je devais retrouver à Paris quelques années plus tard éplorée, folle de toutes les douleurs, auprès du lit de mort de son époux, — tous deux réduits par leur frère Prussien dans un hôtel meublé de la rue de Presbourg…

Deux fois par jour, sans avoir jamais manqué, un aide de camp du Roi venait prendre de nos nouvelles.

Cet aide de camp était un véritable géant, dont la carrure apparaissait plus formidable encore sous son uniforme blanc.

J’eus tout loisir, dans les heures qu’il passait à mon chevet, de constater que cette magnifique carcasse de guerre recélait une intelligence remarquablement affinée, développée par une éducation scientifique des plus complètes. Inutile d’ajouter que la manifeste évidence de notre « plus lourd que l’air » avait vite conquis là un adepte de plus à notre Société d’Encouragement.

    6.000 francs (je dis six mille francs) pour notre séjour d’une semaine… transports, indemnités pour dommages, etc.
    Ceci pour réponse en cette occasion aux journaux prussiens qui, rancuniers de mes ballons-poste du siège et sur un mien article quelconque où je ne manifestais pas de tendresse pour l’Allemagne, n’hésitèrent pas alors pendant toute une semaine, en chœur, à m’accuser d’ingratitude, — la plus odieuse, pour moi, des perversions humaines.