Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nées que nous l’occupons. Comme si la France n’était pas assez riche pour « payer sa gloire » et’n’avoir pas à marchander sur une question où « notre honneur est engagé » ! Et comment ce M. Isambert s’aveugle-t-il contre le sentiment général jusqu’à ne pas tenir compte du bienfait de la civilisation que font pénétrer nos bureaux arabes dans ces populations barbares ! Encore l’Algérie n’est-elle pas, comme on l’a dit très heureusement, — toujours M. Thiers, je crois, — la première, la vraie « pépinière » de nos généraux pour notre première guerre sérieuse ? Que M. Isambert prenne la peine d’attendre : il les verra à l’œuvre !…

— Le carnaval à été très brillant cette année : tout Paris était déguisé. C’est à qui tiendra le plus longtemps haleine à clamer du plus haut sa tirade en vers des halles, style Vadé. Des crieurs circulent par la foule, vendant : « L’art de s’engueuler en société sans se fâcher ». Affluence inimaginable sur les boulevards, partout, et joie universelle débordante, bienveillante remarquablement ; mais bien des gosiers enroués ont dû être aphones avant le soir. Les voitures de masques entassés foisonnaient, au pas, avec arrêts forcés à chaque pas. Lord Seymour, très populaire décidément sous le nom de « Milord l’Arsouille », conduisait lui-même en postillon, comme les autres fois, sa calèche à six chevaux, mais cette année, au lieu des dragées ordinaires, c’étaient dans