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encore les canaliser tout de suite sous ces trottoirs qu’on commence à installer partout ? — On rencontre nombre d’hommes à schapskas dans les rues. Chaque insurrection de cette brave Pologne qui ne veut pas mourir nous amène des Polonais par fournées. On en raffole à ce point que le gouvernement, malgré sa crainte du czar Nicolas, doit aider d’un subside les réfugiés ; quinze francs par mois pour les soldats ; aux officiers, trente-cinq francs. Pas de quoi vivre, de quoi ne pas mourir. Il y a rue Mignon, près les rues Hautefeuille et Serpente, une table d’hôte polonaise où les réfugiés dinent pour treize sous, pain à discrétion. De vieux officiers supérieurs, dont l’appétit est en avance faute du déjeuner, attendent l’heure de la table, assis sur le banc de pierre à la porte de l’imprimerie du Moniteur. — On vient d’inventer le mot : moutard (?). — Il est question de grands projets de construction. dans les immenses terrains vagues — la place pour toute une ville — qui s’étendent du haut de la rue de Clichy à une petite localité qui a nom Courcelles, véritables steppes abandonnés à la ronce et à l’ortie, où on va se débarrasser des démolitions, immondices et chiens et chats crevés. — Il serait en effet peut-être temps de voir un peu de ce côté-là. Vers l’endroit qu’on appelle « la petite Pologne[1] », dans la

  1. Aujourd’hui rues d’Amsterdam, de Berlin, de Rome, etc., quartier Malesherbes, église Saint-Augustin, etc.