Page:Nadar - Quand j'étais photographe, 1900.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon cerveau cette question de si grande importance…

Nous couchions généralement sur cette place Saint-Pierre, où nous avions pu obtenir finalement de la mairie Clémenceau quelques bottes de paille sous deux tentes-abris. Ce fut immédiatement le rendez-vous de tous les chiens errants de Montmartre qu’on n’avait pas mangés encore et auxquels nous faisions fraternel accueil. Quand il fait froid aux pieds, une bonne chancelière nature ne peut être acceptée qu’avec tous égards et reconnaissance.

Je tâchais généralement de m’évader pendant une interruption de service, à l’heure où on dîne (— ?…), pour courir chez moi prendre nouvelles des miens. Mais ce n’était jamais sans l’appréhension de tomber dès l’entrée de ma demeure en pleine litanie d’inventeurs qui résolument m’attendaient sur place, apportant avec la plus louable volonté du monde les projets les plus fous, mais toujours infaillibles, de ballons dirigeables et autres « poissons volants ».

Dans l’une de ces échappées, — et précisément ce soir-là j’étais plus que jamais absorbé dans la préoccupation du grave problème, — se présente un monsieur, du meilleur aspect, qui à premier mot