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LA PHOTOGRAPHIE OBSIDIONALE

Je relisais et lisais encore les pages exquises où Legouvé — un homme, un poète, — encore tout ému et pénétré de reconnaissance, rappelait l’inoubliable bienfait de la Photographie postale aux cruels jours du siège.

Et ce m’était une douleur de penser que nous ne savons même pas à qui nous avons dû ce précieux secours. Nous ignorons jusqu’au nom de celui qui vint apaiser et sustenter enfin tant de « cœurs qui avaient faim et soif depuis tant de longs jours »… Quelqu’autre n’aura-t-il pas osé usurper cette gloire ?

Car il en est ainsi : quand ce n’est pas lacune, c’est inexactitude. Aussi en voyant chaque matin le plus indifférent incident de carrefour, qui s’est passé hier sous nos yeux, raconté par nos journaux d’autant de façons diverses et parfois contradictoires,