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Et l’autel provisoire où au moins une fois l’an, je suppose, une messe réglementaire doit être dite pour tant de trépassés, catholiques, huguenots, juifs ou même mahométans, en attendant toujours la chapelle spéciale que ne cessait de réclamer le ci-devant pamphlétaire Timon de Cormenin, jadis funeste aux lapins de l’ancienne liste civile. :

Ici la voie est barrée. Cet énorme amas d’ossements, éboulement dont le sommet perce la voûte, provient du puits de la rue de la Tombe-Issoire (— ou tout simplement Tombissoire ? —) Par ce puits sont au fur et à mesure[1] déchargés tous les débris humains mis à jour dans les cimetières supprimés et les déblais pratiqués pour la création des voies nouvelles, puisque la mort elle-même ne peut nous garantir contre l’expropriation. Les hommes de l’ossuaire les entassent dans chacun de ces deux tombereaux qu’ils poussent une fois pleins devant eux vers les voussures vides encore qui attendent leur « bourrage ».

A côté du monceau, une petite bière toute fraîche neuve. Une carte récemment clouée, suscrite à la main, nous apprend que les restes qu’elle contient ont été désignés et réservés pour être ailleurs ensevelis. La décomposition par le tombeau n’a pas laissé grand’chose à garder, car c’est un vrai cercueil d’enfant.

  1. 1867.