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gés, dispersés à ne jamais plus se retrouver pour se réunir au Jugement du jour dernier. Par la main des manœuvres spéciaux attachés à l’année à ce service, les côtes, vertèbres, sternums, carpes, tarses, métacarpes et métatarses, phalanges, etc., tout le menu des os, sont refoulés, tassés en masses plus ou moins cubiques sous les cryptes, — en bourrages, comme on dit ici, — et maintenus à l’avant par des têtes choisies dans les mieux conservées : — ce que nous appelons les façades. L’art des terrassiers combine ces chapelets de crânes avec des fémurs disposés en croix dans certaines dispositions symétriques et variées, et nos décorateurs funéraires s’y appliquent — « de façon à rendre l’aspect intéressant, presque agréable », dit ce bon Dulaure, évidemment séduit, et que M. Paul Fassy, dans son très intéressant travail sur les Catacombes, à quelque raison de traiter de « partial ».

Ainsi, les crânes qui composent cette « façade » devant laquelle nous passons proviennent de la rue de la Ville-Levesque où furent jetés en commun une partie des exécutés de 1793. Parmi eux, incontestablement, se trouve Philippe-Égalité, duc d’Orléans. — Lequel ?

Et ce verset du premier livre de saint Luc, fatal comme une sentence, est-ce le seul hasard qui le choisit pour être ici gravé :

DEPOSUIT POTENTES DE SEDE ET EXALTAVIT HUMILES