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raison, — et un fils pourra dire que son père a eu, premier, l’honneur de réaliser la photographie aérostatique. — Il fera autre chose encore, plus et mieux : — « la première préoccupation d’un père, m’écrivait l’excellent cousin Charles, doit être de laisser un fils qui vaudra mieux que lui. »

Et à tout venant j’arbore mon cliché si imparfait qu’il soit, expliquant les comment et pourquoi, transporté… — Mais quel nouveau coup de foudre le soir même de ce beau matin-là !

Un ami m’arrive à l’heure de la soupe. Naturellement il n’est pas entré que je lui ai déjà montré le fameux cliché, et tout bouillant, avec mon lyrisme habituel quand j’ai enfourché un dada nouveau, je lui raconte et ma théorie et mes acharnés ratages, et leur explication, et mon expérience du matin et mes espérances (— brevetées !)……

Et alors l’ami — de glace :

— Mais, mon pauvre bonhomme, c’est connu, ton affaire, archiconnu ! Tu n’es pas du tout le premier. J’ai lu tout cela, il n’y à pas huit jours, imprimé au long… Le livre est très curieux. Il est d’un Monsieur… Monsieur… attends donc ! — un Monsieur qui a eu des rapports avec l’air comprimé… Monsieur… Andraud ! — C’est cela : Monsieur Andraud ! Et même il y avait à l’exposition de cette année des photographies obtenues de la nacelle d’un ballon…