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multiplicité de mes candidatures ou incarnations, mon bon ami Édouard Rod s’était, avant de me connaître en personne, imaginé rencontrer une dynastie, une tribu bariolée de Nadars, dont un aéronaute, un photographe, un romancier, un caricaturiste, tous foisonnant chacun à l’envi. A cette tare de touche-à-tout, déjà mal rémissible, ajoutez grief pire encore : Stendhal a écrit que, de tous les peuples, le Français est le plus intrépide à supporter l’ennui, et, tout bon Français que je me trouve, je dois confesser chez moi une incoercible, une implacable horreur de l’ennui qui, tant de fois, au plus beau milieu des sempiternelles esthétiques de ces pointus, m’enleva, comme d’un coup d’aile romanesque de lyrisme, pour m’emporter sur n’importe quel Mabille ou Jardin Bullier.

D’où l’arrêt des marcassins : — « Pas sérieux, ce Nadar ! » et ainsi je fus méprisé par Champfleury. — Ça, c’est dur.