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me distille, de son alambic numéro un :

« N’apprécierais-tu pas avec moi, que la cervelle des petits enfants, ça doit avoir comme un goût de noisette ? »

— d’où il me scrute, guettant son effet…

Toujours ce besoin de stupéfier qui inspirait à Asselineau la légende : — « Baudelaire, rentrant le soir, se couche sous son lit pour s’étonner. »

En constante posture de coquecigruer à toute occasion, il ne manquera pas de parler sans auditoire ou pour qu’on ne l’entende pas. Combien de fois ne l’ai-je pas trouvé dans un café, coudes en table, avec le dernier des imbéciles, développant devant le vide pendant toute une heure ses théories les plus abstraites. Son partenaire le plus fréquent comme de prédilection, ce brave B…, tant bête qu’il s’en était fait une célébrité. Je suppose que notre illusionniste requérait là sa répétition, sa messe blanche, comme le joueur de paume lance sa balle contre le