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9^2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��L'AMOUR DANS LE MIROIR DE LA SOLITUDE

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��L'espace fuit, d'azur argenté, entre les colonnes pourpres des pins.

Là-bas s'allongent, en travers de la plaine, de larges bandes couleur d'iris sombre, où étincellent, çà et là, des prairies d'un vert tout naïf et de minuscules toits roses.

L'humeur du paysage varie selon les glissements des nuées : le voici renfrogné, rassemblant soudain d'antiques forces mauvaises, et ses traits flétris montrent son grand âge ; le voilà rajeuni, ignorant du mal.

Le bourdonnement des taons sur les fleurs se confond dans mes oreilles avec le bruit de mon sang échaufi^é par la marche, comme si, débordant les frontières de mon corps, les vibrations de ma vie se propageaient dans l'air.

La terre, moite encore d'une averse récente, exhale sous le ciel orageux un parfum presque fauve, qui semble moins une odeur végétale que l'effluve d'une toison mouillée.

Aux sensations d'après-midi s'accouplent bizar-

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