JULIETTE LA JOLIE %J
train de paître, heureuses sans doute d'être libres, de n'avoir pas à s'occuper d'un petit.
— Je n'avais jamais vu de veau qu'en côtelettes, gouailla Ponceau. Cela fit rire M™* Bernard et Juliette qui aimaient l'esprit parisien, mais surtout Marcelle qui ne demandait pas mieux que de le voir gai.
Pendant qu'ils y étaient, ils visitèrent tout le reste, le jardin, le toit des lapins, la grange avec son foineau plus important que celui des Frébault. Ils y montèrent par une échelle. Il n'y restait plus beaucoup de foin, mais Bernard était en train d'en faucher d'autre : les vaches ne mour- raient pas de faim. Il y faisait chaud. Des toiles d'araignées pendaient devant la lucarne. M'"* Bernard descendit la première, mais Marcelle eut peur. Dans le plancher du foineau, un rectangle était découpé autour du haut de l'échelle, assez large pour qu'une botte de foin pût passer sans encombre. Lorsqu'elle aperçut, à six mètres sous elle, l'aire de la grange, elle eut presque le vertige. Ponceau dut lui mettre, non pas les barreaux de l'échelle dans les mains et sous les pieds, mais les mains et les pieds siiT les barreaux. Elle se cramponna de toute sa force, incapable alors de regarder au-dessus ni au-dessous d'elle. M™' Bernard, arrivée en bas, lui disait en riant ;
— Surtout, ne lâchez pas !
Ponceau, resté seul avec Juliette, se jeta sur ses lèvres. Le baiser ne dura guère plus d'une seconde, mais elle ne se défendit pas ; elle s'était pour ainsi dire offerte ; il lui sembla que, par une échelle immense, elle arrivait au fond d'un abîme. Il l'aida à descendre. Elle était déjà montée dans des foineaux, mais quand elle fut en bas elle tremblait encore plus que Marcelle. Ponceau aussi. Mar-
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