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LES POEMES 9^9

Il arrive qu'il le renouvelle. Je n'appelle pas nouveauté un échevèlement factice, une constante hyperbole dans l'image, (il la tient de Rimbaud et de V'erhaeren) et une certaine insouciance dans le choix et la mise en ordre des mots, qui, à première vue, caractérisent ces poèmes. Mais il serait injuste de méconnaître le coloris ardent, le pathétique tout moderne de certaines descriptions et un curieux sens de l'exotisme. M. de Bouhélier a regardé les êtres de la rue, — je ne dis pas qu'il les ait pénétrés : ceci, ses futurs romans et ses futurs drames nous l'apprendront peut-être un jour — mais il en a enregistré l'image, sous l'éclairage cru d'un réverbère, ou dans le flamboiement d'un bar ; et ces aspects, il les rend avec force. Il peint ainsi les vagabonds ; il peint les " filles près des gares ", il peint le " lupanar ".

On sent dans ce dernier morceau plus d'authenticité secrète ; sous l'artifice pittoresque une sorte d'émotion réussit à se faire jour. Mais j'aime encore mieux, pour le rhythme et pour l'accent juste du sentiment, la moins déclamatoire des Odes Héroîqtusy la Méditation sur Jean Jacques Rousseau :

Ah ! Rousseau, mm sauvage et doux Rousseau qi^il est Adorable son Rvre où luisent les volets Peints en vert ! que Von aime à cueiUir les pervenches Et qitilfait bon revivre avec toi ces dimanches Montagnards, quand la danse au son des violons Tourne et qiion voit briller P éclair blond des talons ! Comme V espoir est grand ! Comme ce que nous eûmes De vil se dissout vite a tremper dans P écume De tes eaux et dépure a V ombre de tes près ! Il semble que suffise un spectacle pourpré D^églantines pour qu^ aussitôt se vaporise Toute cette amertume errante qui nous brise.

II

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