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JULIETTE LA JOLIE 85

camisole, les pieds dans des sabots à brides qu'elle ne cirait jamais. Sous son chapeau jaune comme la paille du blé s'apercevaient des mèches de cheveux gris.

Les vaches et l'âne, s'arrêtant de brouter, les regar- dèrent, cornes hautes, oreilles droites, de leurs quatre paires d'yeux étonnés. Mais la Pilavoine ne se dérangea point, elle n'en perdit pas un coup de faucille.

Ils arrivèrent aux Mouilles. Ce n'était qu'une simple maison à toit de tuiles accrochée au flanc du ravin ; elle avait été couverte en chaume jusqu'à ces derniers temps où les jeunes Bernard avaient pris la place des vieux. Les vieux s'en étaient allés, l'un après l'autre, au cimetière, par ce petit chemin qu'ils avaient suivi bien des fois. La maison était restée la même, avec ses solives noires de fumée, ses murs jaunis et ses meubles frottés si souvent qu'ils luisaient comme de l'acajou. 11 ne lui manquait, pour être une vraie ferme, que les granges, les écuries, les hangars bâtis de chaque côté d'une large cour où rôdent des veaux, où des poussins piaillent sur le fumier. M""^ Bernard entrait, venant de porter le casse-croûte à son homme qui fauchait ce pré que traverse un ruisseau, près duquel on voit un petit bois entouré d'une clôture et peuplé de geais, où Juliette quelquefois rêvait de s'étendre à l'ombre pour dormir. M™' Bernard était une petite femme alerte, brune, jeune encore, assez jolie pour qu'on s'étonnât de la trouver dans cette espèce de ferme.

— Est-ce que vous avez du lait. M™' Bernard ? demanda Juliette.

— Et du pain noir ? ajouta Marcelle qui n'aurait pas voulu émietter dans son lait du pain blanc, ou bien ce n'était pas la peine de se déranger. Il y avait du lait et du

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