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CHRONIQUE DE CAERDAL 889

grandeur et du courage. Le baiser d'un père dans la tempête, et Farc-en-ciel sur les ruines. Une foi toujours nouvelle à la lumière et à la résurrection, du sein des ténèbres et de la peine. Une conscience inégalée de la vertu humaine, et de la pleine bonté que le cœur peut mettre à vivre dans l'immense désastre de la vie : voilà Beethoven qui se parle, avec la brûlante vérité des grandes âmes. Il est sans témoins, et vous pouvez l'entendre ! Il regarde autour de lui : il regrette, il pleure, il tend les bras au bonheur qui le fuit ; il lamente ces morts chéris, les rêves de l'amour ; il s'accuse et il s'interroge, il se prend à partie avec une violence sainte. Presque jamais, il ne désespère ; et toujours, il pardonne.

Où est le lieu d'une si haute vertu ? Je le dirai encore : dans la possession de la douleur.

Telle est cette grandeur si humaine, qui sans jamais s'abaisser, va se dépouiller devant vous.

Sa nudité me la rend plus chère.

En sa parfaite candeur, elle s'approche en moi de ce qui est le plus moi-même.

Toute vanité tombe sur le sol, comme ces vêtements que l'on quitte pour une initiation suprême. Le rite de ces noces est le même que le rite de la mort ; il faut comparaître devant le souverain amour, nu et pur de toute mode, déceint de tout ornement surtout.

La douleur est la fiancée de cet initié qui cherche

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