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CHRONIQUE DE CAERDAL 887

silence, à la beauté du monde intérieur, que l'on trahit sans cesse, en soi et dans les autres. Cette beauté ne consiste pas dans le plaisir, ni dans la douceur de vivre, ni même dans une volupté sonore ; mais dans le combat pour ce qui fait vivre au-dessus de la vie. La défaite même y est plus belle que toute victoire ailleurs. L'âme reconnaît son destin, qui l'épouvante et qui l'enivre. Et même s'il faut qu'elle succombe, elle s'exalte de son élan. Elle conquiert sa joie dans une lutte si dure et si forte, que la faiblesse en a peur et n'en voudrait pas à ce prix. Ainsi, plus l'on se quitte à la porte avec toutes les vanités, et mieux, en sui- vant Beethoven, l'on s'ouvre un chemin au fond de soi.

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��Avec lui, qu'on prenne mesure de son éternité.

Dans ce lieu de l'émotion, l'Homme sent sa vertu pour une destinée supérieure. Et d'autant plus, qu'il affronte de plus près sa mortelle fatalité.

Le grand artiste est médiateur entre l'Homme et son Dieu, entre la vie imparfaite et la vie éternelle, où tout est beauté en lui, où lui-même est beauté.

Parmi tous les poètes, Beethoven est le média- teur entre l'homme et sa plus haute espérance. Et tout est bonté, là où la beauté est accomplie.

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