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CHRONIQUE DE CAERDAL 873

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Il n'y a rien eu de si fort, de si plein, de si riche en France, que les trente années qui vont de Richelieu tout puissant à Louis XIV s'emparant de la toute puissance. Qu'on appelle cette époque comme on voudra, le siècle de Louis XIII, ou l'âge de la Fronde, c'est le grand siècle de la France, et le triomphe de l'énergie française.

Moment incomparable. La liberté des esprits est sans pareille. La liberté des mœurs n'est pas moindre. Et la langue, avant de subir le joug de la grammaire, a toute la hardiesse de l'ingénuité : avec les restes de l'ancienne indépendance, déjà elle se donne à elle même une merveilleuse disci- pline. La liberté n'est jamais si pleine et si parfaite qu'au sortir de l'anarchie, entre le chaos du désordre et la tyrannie des règles.

Il faut une certaine licence, qui est, dans les mœurs comme dans l'esprit, l'effet de la jeunesse, le feu de la passion, enfin une verdeur de courage. Pour la pensée comme pour l'œuvre d'art, le vrai courage sera toujours d'être, chacun, soi-même, et de l'oser. Il n'est alors qu'une bonne discipline : celle du choix qu'inspire le goût.

Les unités de la tragédie sont nées en même temps que la méthode de Descartes : beaucoup moins des règles que des conquêtes. Le vieux

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