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872 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Pascal. Je ne parle pas des moindres, tant d'aima- bles poètes, Théophile et Saint Amant, ou de jolis écrivains, Tristan, Tallemant et Cyrano.

Entre les deux siècles, l'un de Louis XIV, qui est le grand, et l'autre de Louis XIII, qui est le plus grand, voici deux hommes encore qui n'ont point de semblables ni en France, ni ailleurs, et les premiers génies de leur ordre en tous les temps : Molière et La Fontaine.

Un artiste appartient à la génération qui l'a formé, beaucoup plus qu'à celle où il se produit. Je range dans un temps tous les hommes qui y sont nés, qui s'y sont instruits, et qui y ont vécu les trente ou quarante premières années de leur vie. Molière, rentrant dans sa bonne ville de Paris, fait ses débuts à quarante ans. Il donne trente comédies en moins de douze années. Pour soutenir une telle fécondité, fallait il pas que toute son œuvre fût déjà mûre sur les branches, et qu'il n'eût plus qu'à la détacher de cette main rapide et ardente qu'on lui a vue . Que doit un tel homme aux maîtres de la politique, et même à l'esprit régnant, aux puissances enfin qu'il subit ou qu'il accepte à la fin de sa carrière, lui qui doit tout à la contemplation des hommes et à sa propre expé- rience ? Molière, quand il écrit, il n'a plus rien à apprendre des hommes : il les réalise. A mon compte, Molière est bien plus de la Fronde, que du règne qui a suivi.

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