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JULIETTE LA JOLIE 8l

La Frisée répondait :

— Est-ce qu'ils me mettent au courant de leurs affaires ?

Elle en savait peut-être plus long qu'elle ne voulait bien dire. En tout cas c'était pire chez Cougny que chez Gallois. La maison de Cougny devenait la maison du bon Dieu, avec sa table toujours mise, toutes les coteries qui passaient et à qui, pour un oui, pour un non, Cougny faisait signe. Malheureusement il n'en venait pas beaucoup. C'est un quartier un peu abandonné où l'on ne voit pas une boutique, pas une auberge. Il est triste aussi, resserré entre la maison de M' le Curé où l'on ne rit pas souvent et le cimetière où l'on ne rit jamais. Alors Cougny s'en allait au café avec le cousin, dont il était aussi fier que M™* Frébault du cousin Leclerc.

Ponceau connaissait déjà tout le monde. Il se moquait des vieux, les interpellant de près ou de loin, presque toujours en argot. C'était le moment pour Cougny de s'esclaffer en se tapant sur la cuisse, mais il faisait atten- tion, maintenant, à ses cigares. Quelquefois aussi, quand le vieux, de mauvaise humeur, faisait mine de regimber, Cougny attrapait Ponceau par le bras et l'emmenait en lui disant :

— Arrête-toi donc ! Ou ça va chauffer !

Ils avaient commencé à se tutoyer dans la diligence.

Il sortait en veston d'alpaga, pantalon blanc, chemise à rayures bleu-pâle et coiffe d'un panama rabattu sur les yeux. Aussi élégant que M"" Perruchot, le pharmacien, il était beaucoup plus jeune. Il ne riait que quand il le voulait bien, d'un rire sec qu'il arrêtait net, à sa guise. Il devait se savoir beau garçon, avec sa petite moustache

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