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SEPT HOMMES 853

��VI

SÉBASTIEN

... Ils ne sont pas rentrés. Rien ne bouge, chez eux. La fenêtre de leur cuisine reste fermée, et je ne vois pas ce que fait la ix)nne. S'ils ne dînaient pas à la maison, ce soir ?...

Oui, c'est moi, c'est bien moi que voilà tapi derrière mon rideau, à guetter mes bourgeois de voisins ! C'est ma vie depuis dix-huit mois, cet espionnage ! C'est mon foyer, cette famille où je ne suis pas reçu, qui ne sait même pas que j'existe !

Je me souviens du soir de mon emménagement. Je fuyais ma chambre du quai Voltaire pour échapper à la confinité d'un ménage si heureux ! si gai ! plein de rires et de cris d'enfants ! un ménage dont la vie bruyante en- veloppait mon isolement et me donnait l'envie, la hantise des joies et des peines que ces gens-là connaissent et dont j'ignore jusqu'au nom, moi !

J'arrive ici. Les déménageurs me laissent au milieu de meubles démontés, de guenilles en fouillis. Je me précipite à la fenêtre pour reconnaître où j'étais. — Sait-on où l'on va, en retenant un logement ! On le visite dans l'après- midi, et les habitations ne prennent que le soir venu leur physionomie vraie, au moment où les familles se réunissent autour du dîner, au moment où les solitaires ressassent

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