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820 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

après cette rencontre, l'exposition de l'école ombriste s'ouvrait chez Stein, et vous savez ce qui s'ensuivit : les luttes, les querelles, et la victoire définitive des disciples de mon ami. Derrière eux je me tenais, apportant au combat le bon nerf de la guerre.

Ceux qui connurent mon amour ou ma miséricorde, peuvent chanter mes louanges. Il n'est de place où ne pénètrent les trésors de ma charité : une année durant, je dispensai mes largesses à des filles.

— Il fait la noce ! disait de moi la sotte renommée. — J'étudiais simplement des malheureuses qui ne m'en sem- blaient pas indignes. J'établis alors dans de bons métiers telles d'entre elles que le vice n'avait point irrémissible- ment pourries. J'en mariai quelques-unes, et l'on devrait prendre exemple sur leurs ménages. Enfin, je constituai de petites rentes viagères à celles que leur nature vouait à l'éternelle débauche. Et rien de plus comique. Monsieur, rien de plus effarant qu'une grue qui, sous les panonceaux, s'en vient toucher les quartiers de sa pension ! Mais au moins, elles ne connaîtront ni la faim ni la hideuse dégra- dation, elles éviteront la misère des derniers ans, les jolies pécheresses dont la destinée a, quelque jour, planté le regard sympathique dans le mien.

Et voyous aphones vendant des journaux chiflfonnés, la nuit, aux carrefours qu'illuminent les cabarets du bel air ; vieillards déjeunant d'une croûte et d'une fiole sur les bancs des squares ; bagotiers anhélant derrière les fiacres qui cahotent une malle enficelée ; porteurs d'affiches appuyés côte à côte, dans leur morne résignation, au mur d'un monument ; camelots arrêtant un cercle de badauds autour d'un père la Colique, mendigots taciturnes ne

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