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DE LA FOI 795

on ne veut se servir que de lui-même. L'embarras qu'il donne, aussi longtemps que, pour s'en défaire, on cherche à le réduire, on n'aboutit à rien. On ne le supprime que si l'on se décide à l'augmenter. [1 faut prendre plus de choses qu'on n'en avait d'abord- Il faut se détourner du détail, sortir résolument du monde et accueillir tout ce qui se rencontre autour de lui de nouveau, de merveil- leux, d'injustifiable. Nous voilà bien naïfs, semble- t-il, d'aller chercher des mystères. Avons-nous besoin d'en inventer ? Ceux du monde sensible ne suffisent-ils pas ? Mais de notre témérité ou de notre maladresse nous ne tardons pas à toucher la récompense ; tout à coup nous abordons à la satis- faction, à la tranquillité : entre nos mains, la réalité, soudain, se trouve entière et suffisante ; l'explication mystique enfin reforme le tout ; l'univers par elle atteint son achèvement et son comble. Nous voyons tout et ainsi il n'y a plus besoin de nous interroger. Toutes les places sont occupées, tous les rôles sont tenus, les esprits invisibles sont à leur poste au dessus de nous, comme nous sommes au nôtre ici-bas. Et, comme un navire, complètement gréé, sort du bassin et glisse vers nous avec une lente facilité, voici de même s'avancer tout seul, plein d'évidence, le grand œuvre de Dieu avec les hommes sur le pont qui font ceci ou cela, comme des passagers après le départ, avec les démons accrochés aux

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