Page:NRF 8.djvu/792

Cette page n’a pas encore été corrigée

784 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

car après tout on y est bien ; on y trouve un certain contentement pratique que l'ignorance du mieux fait paraître agréable. Croire est au-delà de ces satisfactions et de ces sécheresses et l'on ne parvient à l'abondance, à la générosité de la foi, à l'enfantine aisance qui fait dire oui à tous les miracles que par une étude patiente et désespérée : soins minuscules et de tous les instants, exercices à vide comme ceux que l'on fait pour fortifier son corps et qui sont si bêtes qu'on brûle sans cesse de les abandonner ; imitations de sentiments qu'on n'a pas ; et cette façon de se cramponner, dans ce terrain si vacant, aux moindres positions que — fût-ce par hasard — on y conquiert. C'est ainsi qu'il faut peiner pour obtenir l'allégresse et la vivacité de l'âme... Tels sont les travaux de la foi.

Et celui qui croit enfin, après tant d'efforts, le voici aux prises avec des difficultés d'une autre sorte. Car il s'engage de toutes parts ; il est pareil à un propriétaire qui a des domaines dans tous les pays, et s'il gèle ici, là-bas il fait trop chaud. Dans une conversation le croyant est à décou- vert de tous côtés ; il risque sans cesse d'être atteint, il tremble à toute parole imprévue ; par les mots qui leur paraissent le plus innocents ses amis peuvent le blesser. 11 y a une gravité de tout ce qui se dit autour de lui qu'il est seul à comprendre et dont il est seul à souffrir.

Enfin il cesse de pouvoir agir facilement et sans

�� �