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764 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

moire des reflets, un arrière-fond de trouble et d'orage, de mauvais desseins agités s'élève et obscurcit le fleuve. Arches pleines des ponts massifs, berges à pic pleines aussi, parapets pleins, murs nus, avares de fenêtres, tout se défie de ce torrent boueux. Tout se défie de tout ici, mais rien n'est lâche. Byron n'eut pas à faire eflFort pour prendre à Pise " l'air fatal ". Mais ce silence, cette nudité, cet état de siège à travers les âges, tout s'étonne qu'on déclame si haut en ce lieu. Pise est muette aussi et n'aime pas ce romantisme.

Pise n'aime peut-être pas l'art, sinon pour en tirer orgueil. Elle a dit : " Soit ! faisons une part aux artistes. Voici un champ, un terrain vague, à la limite des remparts. Il est à eux, et je le leur donne assez large pour qu'ils ne s'avisent point d'en sortir. Mais qu'ils construisent là-dessus ce qu'ils ont de plus beau en tête ! " — Hors de l'action, hors de la vie, sur un champ d'herbe, voici quatre merveilles d'art posées.

Que le cœur doit vous battre, cher ami ! Mais quelle hostilité foncière je devine, derrière l'émer- veillement de vos yeux 1

11 vous souvient de ce livre de classe, où l'on voyait les "merveilles du monde" — je ne sais plus ni leur nom, ni leur nombre — chacune a part, bien seule, ne souffrant aucun voisinage

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