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NOTES 7^9

malicieusement les entrées et les sorties, à cuisiner des effets, à truquer des dénûments, M. Archer se fait de la technique l'idée la plus haute et la plus efficace. Elle est, à ses yeux, le solide instrument dont use l'artiste pour buriner sa dure matière. Plus la matière est résistante et faite pour la durée, plus l'instrument doit être fort, aigu et souple. Tous les mouvements auxquels il obéit sont dans une liaison étroite avec les intentions les plus audacieuses de la création. Aux premières pages du ** manuel ", M. Archer a cru devoir, en quelques lignes, légitimer son entreprise. Il écrit : " De règles il n'y en a pas ; mais il ne s'en suit point que quelques uns de ceux que fascine, par milliers, l'art du dramaturge, ne trouvent avantage à voir leur attention attirée, d'une manière simple et pratique, sur certains de ses problèmes et certaines de ses possibilités... On peut aisément citer d'excellents traités du drame; mais la visée de tels livres est de guider le jugement du critique plutôt que l'impulsion créa- trice du dramaturge. Il existe aussi de bons recueils de critiques dramatiques ; mais toutes les allusions pratiques qu'ils peuvent contenir sont dispersées et non systématiques ". M. William Archer s'adresse donc au créateur et, dans une certaine mesure, prétend à l'éduquer. Il n'y épargne aucun effort de dialectique, aucune ressource d'analyse et d'ingéniosité : multipliant les exemples et les comparaisons, variant la forme de ses démon- strations, entrant dans les plus petits détails, dans les plus triviales considérations. Nous serions même tentés, parfois, de trouver qu'il fatigue son zèle à critiquer trop consciencieuse- ment certaines absurdités dramatiques dont on ne peut penser qu'elles gardent du crédit sur les esprits sérieux. Mais l'excès même de sa minutie nous est un garant de sa compétence fon- cière. Elle augmente notre confiance en lui. Elle prouve com- bien il aime cet art dont il s'occupe, combien il l'a pratiqué, et qu'il en connait tous les détours : " Si je tiens — dit-il — des questions pour ainsi dire mécaniques et de pur métier pour digner d'être discutées, c'est parce que je crois que seulement

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