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yiS LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pour qui voudra bien l'entendre, d'une très grande utilité. Son auteur, M. William Archer, est parmi les vivants le seul critique dramatique dont j'admire sans réserve la compétence et la méthode. Depuis son commentaire du théâtre ibsénien jusqu'à l'important ouvrage qu'il vient de publier tout, dans ses écrits, montre un esprit singulièrement apte à saisir, du dedans, les qualités et les faiblesses d'une production dramatique, à dégager de ses observations des principes vivants et féconds, à surpendre les erreurs des écrivains de théâtre, à leur désigner la bonne voie. L'esprit de M. William Archer est clair, logique avec de l'aisance, érudit sans pédantisme, à la fois robuste et nuancé, scrupuleux jusqu'à la minutie. Il sait scruter le sens des mots, épuiser le suc des idées. Un grand bon sens l'avertit. Mais ce n'est pas assez de dire qu'il " comprend ". M. William Archer possède un instinct, une notion profonde et spontanée des choses du théâtre. A la prise directe qu'on le voit exercer sur les secrets les plus intimes de la création, on devine, chez ce critique, un dramaturge en puissance... Je crois que, depuis plusieurs années, la curiosité des études sociales, et de grands voyages qu'il entre- prit, détournaient M. Archer de la critique. Il se refusait, disait-on, à réunir en un volume ses chroniques éparses. Or voici que tout-à-coup il nous livre, dans l'ordre d'une compo- sition réfléchie, la somme de ses expériences et les conclusions d'une science éprouvée.

Play-Making, a tnanual of craftmanship ; tel est le titre du livre, que je traduirai ainsi : La Création Dramatique, manuel technique. C'est un peu moins qu'un " art poétique " — l'auteur se tenant résolument à l'écart, trop résolument peut-être, de toute géné- ralisation esthétique — et c'est beaucoup plus qu'un recueil de procédés et de recettes. Tout d'abord, il faut considérer ce que M. William Archer entend par ce mot de " technique ". Ce n'est point celle de la pièce dite " bien faite " selon Sardou et Francisque Sarcey ; celle qui consiste à accumuler les prépara- tions matérielles, à dépister la plus grossière curiosité, à régler

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