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LES POÈMES 699

talent, regrette bien qu'il ait écrit Les Géorgiques Chrétiennes. " Ayant cité quelques distiques prosaïques ou laborieux comme ceux-ci :

Le motif quatrième inspiré par P ouvrage

Du pâtre dans la plaine avait trait au laitage...

Jadis ce fruit sacré (le raisin) iC était pas aussi noble Que depuis que la Cène honora le vignoble...

et surtout :

Le bois du châtaignier n^ est point propre au chauffage Mais son charbon sera d^un excellent usage...

il prend texte de ces erreurs — ou de ces plaisanteries — pour déclarer qu' " on tombe toujours du côté où l'on penche et que M. Francis Jammes qui adore la simplicité, devait un jour tomber définitivement dans la platitude " et, ajoute-t-il, " il ne faut pas se dissimuler que ce jour est arrivé. " Si les Géorgiques Chrétiennes ne contenaient que des vers de ce genre, on pourrait sans doute souscrire à ce sévère jugement ; mais ce n'est pas le cas et non seulement on y rencontre nombre de beaux distiques pleins, savoureux et larges, mais tels morceaux comme la moisson des anges au premier chant, comme le repas de noces au troisième chant, comme ^annonce de la vocation au cinquième, atteignent et peut-être dépassent, par l'ampleur du chant, par la noblesse et par la pureté, l'art souverain des Elégies. Pour peu que nous aimions Francis Jammes et que nous ayons senti ce qui fait la beauté de ses ouvrages antérieurs, je dis que nous n'avons pas le droit de détacher de son poème tel vers plus ou moins ridicule et qu'ici nous devons enfreindre sa volonté, marcher contre le dessein qu'il a eu de placer dans le même jour les beautés et les pauvretés volontaires de son poème. De cet ouvrage " successif" il faut dans la mesure du possible, c'est-à-dire autant que la forme nous le permet, refaire un livre continu, fondu d'une seule coulée. Si nous le prenons par

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