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688 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la musique ? La monotonie de Schumann et de Chopin : on couperait Schumann en trente-sept morceaux, que ces quartiers ne cesseraient pas de sauter dans le même rhythme ; et cédât-on à l'en- vie d'étrangler Chopin en plein midi, pour l'em- pêcher de toussoter en soupirant, sa petite fièvre continuerait de balancer sa dame dans un salon, au clair des bougies. Beau royaume de l'expres- sion, où tout lasse qui reste en deçà des plus hautes cimes. Seul, l'esprit a toute variété et inté- resse à toute hauteur et tout étage. La sensibilité du génie est seule digne des folles conquêtes qu'elle sait faire, parfois contre toute raison, et d'ailleurs qu'elle est seule capable de garder. Dans le domaine plus humble de l'agrément, que sait- on de Mozart, de Haendel ou de Gluck, sur la foi de leur musique . En quoi les peint-elle ? et que raconte-t-elle de leur vie ? Beethoven, au contraire, sa musique est une inépuisable confi- dence, une allusion perpétuelle, la confession des confessions. Qui entre dans le secret, devient pour jamais fidèle à ce temple du bon vouloir, de gran- deur vraie et de pure énergie. Pour la plupart même, ils croient aimer l'artiste, et c'est à l'homme qu'ils s'attachent. Voix du meilleur conseil, l'étant du plus noble exemple. Voix qu'on préfère à toutes, comme celle de l'ami le plus fort, qui ne trébuche pas, qui n'achoppe jamais aux communes faiblesses, et qui soutient les courages affligés.

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