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686 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

moins de visions que de suprêmes retours sur soi-même. A beaucoup, elle est une oraison, une sorte de métaphysique sentie : une morale héroïque.

Toutes les émotions de la volonté sont en elle. Aucune musique ne pourrait être une plus riche matière à littérature. Elle est une occasion de commentaires toujours présente, sinon toujours nouvelle. Non seulement elle s'y prête, et elle s'en accommode ; il semble qu'elle ne doive pas s'en passer. L'homme qu'on approche dans cette musique pleine de lui, et qu'on y voit toujours de plus près, ce qu'on sait de sa vie, de son carac- tère, de ses goûts et de ses moindres gestes, l'homme en chair et en os est la première glose de l'œuvre musicale, et sa meilleure explication. La légende de Beethoven pénètre toute sa musique. Elle en fait la popularité. Beethoven est pareil à un grand poète lyrique en une langue sacrée, que tout le monde ne parle pas, mais qu'on peut tra- duire dans la langue de tout le monde.

L'interprétation sentimentale, si déplacée par- tout, a ici son excuse. La musique de Beethoven y invite. C'est lui qu'on aime en elle ; c'est elle que l'on croit comprendre en lui. Souvent d'ail- leurs, l'accent de Beethoven est si religieux, qu'il semble convier les hommes à une communion de sentiment, comme la religion elle-même, et comme elle à l'examen de conscience. Toute analyse de

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